Présidentielle 2022 : que pensent les locataires et les propriétaires des propositions des candidats ?
Logement : le grand oublié de la campagne qui importe pourtant beaucoup pour les Français
Si la thématique du logement n’a que peu été abordée jusque-là dans la sphère médiatique depuis le début de cette campagne présidentielle, elle fait pourtant partie de celles qui préoccupent le plus les électeurs. Et le chantier s’annonce colossal pour le futur élu. En effet, si l’on se réfère à l’état des lieux du mal-logement dressé par la Fondation Abbé Pierre début 2022, les chiffres sont alarmants et ne s’arrangent pas au fil des ans. Aujourd’hui, ce sont près de 4 millions de personnes qui sont mal-logées en France, dont 300 000 d’entre-elles qui vivent malheureusement sans domicile fixe. Un chiffre qui a, hélas, doublé en 10 ans.
Du côté des propriétaires, et plus particulièrement de celui des propriétaires-bailleurs, le sujet inquiète tout autant. En effet, les nouvelles normes imposées en matière de rénovation énergétique paraissent intenables pour nombre d’entre eux. Pourront-ils continuer à louer leur bien dans les prochaines années ? Une question qui taraude plus encore ceux possédant des logements de petite surface, difficiles à isoler par l’intérieur.
Mais que proposent alors les candidats à la présidentielle en matière de politique du logement pour leur futur quinquennat ? Si certains s’avèrent maigres sur le sujet en termes de propositions, d’autres en revanche ont émis des idées intéressantes.
Grâce à PAP, plateforme spécialisée dans l’immobilier, nous avons désormais un éclairage sur ce que pensent les Français sur une vingtaine de projets émis par les candidats. L’échantillon, composé de 18 712 répondants, n’est cependant pas totalement représentatif de la population tricolore. En effet, ici 30 % des personnes sondées sont locataires, contre 40 %, normalement, au sein de la population française totale (données INSEE).
À droite, les aides à l’achat et à la rénovation font mouche
Sans grande surprise, les mesures offrant une aide financière, que ce soit aux locataires, aux propriétaires ou aux investisseurs, emportent la plus grande adhésion auprès des Français interrogés.
Parmi elles, on retrouve notamment la proposition avancée par Valérie Pécresse, candidate LR (Les Républicains), d’élargir le PTZ (prêt à taux zéro) à tous les primo-accédants, peu importe leur lieu d’achat sur le territoire. Les propriétaires interrogés sont 90 % à y être favorables, contre 86 % pour les investisseurs et 94 % pour les locataires.
Marine Le Pen, candidate du Rassemblement National (RN), a pour sa part proposé d’offrir une subvention à tous les propriétaires souhaitant changer leur chaudière au fioul. Si des aides existent déjà pour réaliser ce type de travaux, notamment dans le cadre de MaPrimeRénov, et vont d’ailleurs bientôt être revalorisées de 1 000 €, les répondants au sondage sont tout de même majoritairement favorables à la proposition de la candidate, à 83 % pour les investisseurs et jusqu’à 91,5 % pour les locataires.
Enfin, du côté d’Eric Zemmour, la proposition de supprimer tous les frais de notaire pour les primo-accédants achetant un bien de moins de 250 000 € paraît également séduire. Ce sont majoritairement les locataires, ayant potentiellement l’envie d’acquérir ensuite leur logement, qui plébiscitent la mesure avec 90 % d’adhésion. Du côté des propriétaires, ils sont 82 % à s’y montrer enclins.
À gauche, les candidats prêts à ravir les locataires mais pas les propriétaires
Si l’on s’intéresse maintenant aux propositions formulées par les candidats de gauche, on constate rapidement que le fossé d’opinions se creuse entre propriétaires et locataires.
Du côté de Jean-Luc Mélenchon, notamment, six mesures concrètes développées dans son programme ont été soumises au panel et le verdict est sans appel : plus de 80 % des locataires y sont favorables, contre seulement 62 % des propriétaires et 46 % des investisseurs. Parmi les propositions phare du programme du candidat de La France Insoumise (LFI), on retrouve notamment l’obligation de rénover les logements considérés comme « passoires thermiques » sur tout le territoire, conditionnant l’obtention d’un « permis de louer ». Sans trop de surprise, la mesure n’emporte que 52 % d’avis favorables du côté des bailleurs, contre 89 % des locataires. Ses projets concernant les aides au logement ou l’encadrement des loyers connaissent à peu de choses près le même sort auprès des répondants.
Mais c’est finalement du côté de Philippe Poutou que l’écart se creuse le plus. Avec sa proposition de réquisitionner les logements vacants, le candidat anticapitaliste n’emporte avec lui que 29 % des investisseurs, contre 77 % des locataires.
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