Macron : ses propositions pour le logement et la fiscalité
Avec son mouvement “transpolitique” “En marche”, initié dès début 2016, Emmanuel Macron n’a jamais caché ses ambitions. Démissionnaire du gouvernement Hollande en août, il a enfin officialisé sa candidature à l’élection présidentielle mi-novembre. Une décision “irrévocable” dévoilée bien avant que l’actuel président ne renonce à sa propre succession.
Énarque, tour à tour assistant du philosophe Paul Ricoeur, inspecteur des Finances, banquier d’affaires…A 39 ans, le candidat issu du Parti Socialiste a un parcours riche et quelque peu atypique. Secrétaire général adjoint de l’Elysée durant deux ans, il fut nommé à la tête de Bercy en août 2014. Un ministère au sein duquel il officia pendant deux ans, avant de passer la main à Michel Sapin.
Ardent défenseur de la liberté d’entreprendre, porte-drapeau de la French Tech, Il fut l’artisan d’une loi éponyme, qui a cristallisé l’opposition d’une importante partie de la gauche. Assouplissement du cadre légal du travail dominical, actionnariat salarié, ouverture de l’offre des transports par bus, la loi Macron, dite “pour l’activité, la croissance et l’égalité des chances économiques”, affichait clairement ses orientations libérales. Promulguée en août 2014, la loi Macron a également introduit l’augmentation de 30% des m2 constructibles sur un terrain. L’actuelle ministre du Logement, Emmanuelle Cosse a estimé qu’Emmanuel Macron n’était “ni de droite, ni de gauche”.
Emmanuel Macron a décidé de se lancer seul dans la bataille, se passant de l’aval de son parti en contournant la primaire de la gauche – organisée les 22 et 29 janvier. Avec un livre-manifeste, intitulé “Révolution”, Emmanuel Macron se présente comme le candidat “anti-FN”. S’auto-proclamant “candidat du travail”, il est favorable au maintien des 35 heures et veut pérenniser le CICE (Crédit d’impôt pour la Compétitivité des Entreprises) en le transformant en une baisse de charges.
Sans lever le voile sur un programme précis, il s’est contenté d’ébaucher les grandes lignes dans les médias et de décrire les lignes directrices de son projet dans un fascicule envoyé aux 115.000 adhérents de son parti. Lors d’une conférence de presse organisée par le réseau d’agences immobilières Orpi, le candidat a évoqué ses principales propositions pour le logement. Invité spécial de la matinale de France Inter aujourd’hui, il a quelque peu précisé son programme.
Logement
- Un bail mobilité pour les précaires
- Mieux cibler les constructions
- Une transition énergétique à l’Anglaise
- Un abandon progressif de l’encadrement des loyers
Invité d’Orpi Lab, Emmanuel Macron a proposé la création d’un bail “mobilité”, établi pour une durée de moins d’an an et moins protecteur, afin de faciliter l’accès au logement des plus précaires. Cette idée ferait l’objet d’une expérimentation dans le parc privé. Ce type de bail serait réservé à un public en difficulté, plus fragile et aux zones les plus tendues en terme d’offres. L’objectif poursuivi serait de lutter contre l’exclusion de certains particuliers sur le marché locatif, se tournant vers des formes de logement alternatives comme la plateforme Air Bnb. Ce bail serait accessible aux travailleurs en CDD, en période d’essai ou encore aux intermittents et permettrait d’asseoir la confiance des banques et des bailleurs, craignant les impayés.
Quant à la construction, le candidat souhaite mieux cibler les grands projets d’aménagement en les concentrant dans les grandes agglomérations, où la demande est bien supérieure à l’offre à savoir la région Ile de France, Toulouse ou encore Aix-Marseille. Il a évoqué une “politique” très volontariste pour libérer des terrains disponibles et initier “une vraie politique de déclenchement de l’offre”, qui intègre une part de logement social.
Concernant la transition énergétique des bâtiments, mis en chantier par le gouvernement actuel, Emmanuel Macron a dit vouloir s’inspirer du “green deal” britannique. La rénovation énergétique et thermique passerait par un système de “green deal” à l’anglaise et serait appuyée par une réduction des droits de mutation, c’est-à-dire des frais de notaire. Ces taxes seraient réduites, si le propriétaire s’engageait à mener des travaux de rénovation énergétique. Ce plan gouvernemental britannique fonctionne sur un système de prêts remboursés via les gains d’énergie réalisés.
Emmanuel Macron ne plaide pas pour une suppression pure et simple de cette mesure phare de la loi Duflot, mais pour son abandon progressif. L’ancien locataire de Bercy a fustigé l’encadrement des loyers, introduit par la loi Duflot, qu’il considère comme un frein à la mobilité qui provoque la fuite des investisseurs.
Fiscalité
- Pour une stabilité fiscale gratifiant la prise de risques
- Baisse des charges patronales
- Statu quo sur l’exonération sur les œuvres d’art
- Maintien de les avantages fiscaux sur la résidence principale
- 35 heures et retraite au cas par cas
- Généralisation de l’assurance chômage
Tout comme François Fillon, Emmanuel Macron veut instaurer davantage de stabilité fiscale, propice à rassurer les investisseurs et encourager la prise de risque. Selon lui, le secteur a pâti d’une législation changeante. Les dispositions fiscales ne seraient pas modifiées plusieurs fois durant un quinquennat. Il est d’ailleurs partisan d’une politique fiscale récompensant la prise de risque et l’innovation. Dans son viseur : l’Impôt sur la Fortune (ISF). Le candidat ne veut plus que ceux qui “réussissent de leur vivant” soient pénalisés par une pression fiscale trop forte et souhaite donc modérer l’Impôt Sur la Fortune.
Ce matin sur France Inter, le candidat a déclaré que pour développer l’investissement privé et stimuler les entreprises, il veut remplacer le Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi par une réduction des charges patronales de 6%. Parallèlement, pour diminuer l’écart constaté entre salaire brut et net, il veut supprimer les cotisations maladie et chômage supportées par le salarié et augmenter la CSG (Contribution Sociale Généralisée) de 1,7% pour financer ce changement.
En matière de défiscalisation, le candidat du mouvement « En marche » veut conserver l’exonération sur les œuvres d’art. Celles-ci n’entrent pas dans la base taxable au titre de l’Impôt sur la Fortune. Objets d’antiquité ou de collection bénéficient également de ce traitement de faveur, échappant à ce prélèvement tout comme les biens professionnels.
S’il était élu président, les avantages fiscaux octroyés sur l’acquisition de la résidence principale seraient conservés (abattement de 20% sur les droits de succession, déclaration à l’ISF à hauteur de 70% de la valeur vénale du bien, réduction d’impôt pour les travaux de rénovation…).
Investissement et entreprises
Emmanuel Macron est favorable à un assouplissement des 35 heures, par accord de branches d’activité d’abord. Ce cadre des 35 heures semaine serait supprimé pour les plus jeunes, alors que les seniors se contenteraient de 32 heures de travail hebdomadaire par exemple. Pour la retraite, l’idée serait sensiblement la même avec la possibilité de moduler l’âge de départ en retraite, entre 60 ans et 67 ans par exemple.
Le candidat souhaite généraliser les droits au chômage aux travailleurs indépendants et les salariés démissionnaires, afin de rendre l’assurance chômage plus égalitaire.
Droit au chômage pour les indépendants et les salariés démissionnaires | Stabilité fiscale et modération de l’Impôt sur la Fortune | Abandon de l’encadrement des loyers |
Départ à la retraite à la carte, plus tôt ou plus tard (60 ans, 65 ans, 67 ans…) | Remplacement du CICE par une baisse des charges patronales de 6% | Mieux cibler les programmes de construction |
Suppression des 35 heures pour les jeunes, modulable pour les seniors | Hausse de la CSG de 1,7% | Transition énergétique à l’anglaise (réduction des frais de notaire et des taxes en cas de rénovation) |
Suppression des cotisations maladie et chômage supportées par le salarié | Bail mobilité pour les précaires |