Logements neufs : le Gouvernement planche sur un « Carbone-score » en faveur du climat
Pourquoi le BTP est-il si énergivore ?
Décrié sur tous les toits, le monde du bâtiment est pointé du doigt comme le mauvais élève en matière d’impact énergétique. Finie la récré, l’heure a sonné de réduire notre consommation de gaz à effet de serre, et le Gouvernement s’attelle à sa copie avec des chiffres qui parlent d’eux-mêmes.
En 2019, 60 % de l’empreinte carbone du secteur provenait de la construction d’un bâtiment. En cause, les matériaux utilisés comme le béton, le ciment, les métaux, etc… mais également l’énergie grise (énergie dépensée pour la fabrication dans son ensemble), qui sont de véritables puits sans fonds dans nos ressources naturelles.
Terriblement dépendantes aux énergies fossiles, les constructions de logements neufs produiraient environ 1000 kg de CO2 par m2 construit, une part bien plus importante que dans les projets de rénovation, dépendant aussi de la qualité du logement lui-même. Conclusion établie, le BTP serait responsable de 25 % de l’impact carbone en France, un des plus gros acteurs en la matière, talonné de près par l’alimentation et le transport.
Quels sont les objectifs du carbone-score ?
La RE2020, première pierre à l’édifice
Forcé de constater qu’il faut actionner des leviers pour diminuer la valeur carbone des métiers de la construction, le Gouvernement avait initié en janvier 2022 une nouvelle norme dédiée aux professionnels du bâtiment neuf. La norme RE2020, héritière légitime de la RT2012, se base sur 3 objectifs bien précis :
- Réduire la consommation énergétique des bâtiments neufs ;
- Encourager la diversité des constructions ainsi que celle des matériaux pour réduire l’impact carbone ;
- Répondre au confort nécessaire dans l’habitat l’été en cas de forte chaleur.
Outre l’utilisation de matériaux moins énergivores permettant de diminuer les déperditions dans le logement, l’association RQE a mis en place un label intitulé « zéro déchet » directement adressé aux comportements « green » sur les chantiers de construction. Ce dernier est délivré aux acteurs du bâtiment appliquant le guide d’un chantier plus responsable, que ce soit par le biais d’une politique de recyclage des déchets, mais aussi par l’utilisation de matériels à faible impact carbone.
Vers le nutri-score du bâtiment
Le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, faisait part du nouveau projet gouvernemental le jeudi 22 septembre dernier, pour accélérer les actions en faveur du climat dans le paysage logement.
Bien que très gourmande en énergie, la construction de logements neufs ne peut être diminuée, c’est tout le contraire. Tant pour des problématiques économiques que sociales, la pénurie de logements, notamment dans les grandes villes, reste à ce jour un cheval de bataille sur lequel il faut continuer d’avancer. L’urgence environnementale doit impérativement mettre à l’honneur la question qualitative du métier pour entrer dans les rangs.
À l’image du nutri-score ; système de points attribués aux aliments proposés à la vente ; l’immobilier pourrait lui aussi se doter de sa propre grille de qualité pour les matériaux utilisés lors des constructions. Produire mieux, mais produire quand même, sont les arguments avancés par le Gouvernement dans ce nouveau projet qui viendrait s’accoler à celui de la norme RE2020, déjà en place depuis le début de l’année.
Bruno Le Maire, ne cache pas l’ampleur de celui qu’il qualifie de « déficit considérable » pour le secteur du BTP, dont l’enjeux est crucial pour diminuer l’impact carbone de la France en matière de logement. Si rien n’est encore ficelé du côté de Bercy, des concertations avec les acteurs immobiliers sont attendues afin d’établir les bases du carbone-score avant son application prochainement. Toutefois, le ministre du logement Olivier Klein s’est exprimé sur le sujet en indiquant des précisions sur les intentions du Gouvernement :
« La méthodologie appliquée sera d’estimer l’empreinte carbone dans la fabrication, ainsi que les effets bas carbone sur la réalisation et la construction. »
Après s’être attaqué aux passoires thermiques l’an passé, par le biais de mesures de restrictions sur les locations énergivores, c’est au tour des constructions neuves de faire preuve d’engagements plus responsables.