Colocation avec enfants : qu’est-ce qui pousse ces familles monoparentales à vivre à plusieurs ?
1 foyer sur 5 est une famille monoparentale
La part de parents solos en France augmente, et dans un contexte de crise, où plus que jamais la charge du foyer pèse sur les ménages seuls avec enfants, des solutions de repli émergent. Jusqu’alors très largement rependue pour les étudiants ou les jeunes actifs, la colocation s’étend désormais aux personnes handicapées, aux seniors, mais aussi aux parents vivant seuls avec leurs enfants ou en garde partagée. La colocation monoparentale est un sujet encore timide auprès des médias. Or, quand on sait que 21 % des enfants vivent en garde seule ou partagée en France et que ce chiffre passe à 29 % dans les grandes villes, on comprend pourquoi ce comportement est émergeant chez les familles monoparentales.
Une solution financière, mais pas que
Une des premières raisons évidentes qui pousse les parents célibataires à faire de la colocation, est sans conteste l’aspect financier. Le loyer représente la part du budget la plus importante des ménages en France et devient une charge conséquente lors d’une séparation avec des enfants. La perte du pouvoir d’achat des femmes après un divorce ou une séparation s’élève à -30 %, contre -6 % chez les hommes. À ce constat sociétal peu réjouissant, se dresse la liste des difficultés à gérer au quotidien, comme la charge mentale, les tâches ménagères, la garde des enfants, mais encore l’éducation, où la recette d’un savant cocktail explosif en faveur de l’épuisement des parents solos. La colocation des familles monoparentales serait un moyen de réduire les frais, mais aussi de diminuer la solitude, tout en partageant les tâches ménagères. Vivre en colocation avec des enfants c’est également une béquille soulageant la douloureuse de la charge mentale, liée à la garde des enfants au quotidien. Sorites d’école, activités extra-scolaires, lorsque les parents partagent le même quotidien, l’entraide de la colocation est un véritable plus, permettant d’effectuer un roulement pour la garde d’enfant. Ce système de partage entre colocataires s’applique aussi aux tâches ménagères, tant sur le plan de l’organisation que du budget. Les efforts mutualisés soulagent les parents le plus souvent submergés lors d’une séparation, entre maintien d’une éducation stable et vie professionnelle.
Les limites de la colocation monoparentale
Qui dit enfants, dit éducation. Le premier point pour lequel il faut être vigilant avant de se lancer dans une colocation monoparentale, c’est bien celui-ci. Lorsqu’il s’agit d’une colocation entre parents, l’écart d’âge entre les enfants peut être un point bloquant. Des situations de conflits ne sont pas rares au sein d’une même fratrie entre les adolescents et les plus petits, et ce phénomène naturel sera plus difficile encore à gérer lorsqu’elles éclatent dans des familles différentes. Les principes d’éducation peuvent également tourner au drame au sein de la colocation monoparentale lorsqu’ils sont trop éloignés des valeurs de chacun. Il est primordial de mettre les choses à plat avant de s’engager et d’entamer une discussion sérieuse à ce sujet entre colocataires. Quant à la question du partage des chambres, elle doit être abordée avec attention, afin de définir si les enfants disposent chacun de leur propre espace ou si il doivent le partager entre les gardes des uns et des autres. La colocation est par définition, un format imposant des concessions à appliquer par les différents habitants, ainsi que le respect de leurs engagements. Les règles de la colocation monoparentale sont les mêmes qu’accoutumées, ouvrant à la signature d’un bail, de garanties et d’aides au logement. Mais dans les faits, l’expérience démontre quelques failles, notamment pour les parents à la recherche d’une colocation avec plus de deux enfants ou avec un bébé, peinent à trouver ce type de logement. Une sanction qui s’applique aussi aux papas célibataires, dont les candidatures sont souvent relayées sur le banc de touche. Enfin, si la colocation monoparentale promet d’alléger le portefeuille des parents célibataires, elle peut être trompeuse dans certains cas où la pension alimentaire diminue, celle-ci tenant compte des revenus du ménage.